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Trois jours et une vie, Pierre Lemaitre

Roman

Albin Michel, 2016, 19,80€, 279p.

Trois moments dans la vie d'Antoine, dont le premier détermine les deux autres ; à 12 ans, dans un accès de folie, de rage et de tristesse, il tue son petit camarade Rémi. Paniqué par son propre geste, il décide de cacher le corps et de ne pas se dénoncer.

 

Pierre Lemaître signe un roman psychologique très bien ficelé et un très beau portrait d'homme coupable et profondément humain, qui ne se défait pas de sa faute malgré ses tentatives, mais qui ne l'expie pas non plus. Trois jours et une vie déroule une sorte de destin tragique sur lequel le lecteur aimerait avoir une emprise, dont la tension est grandissante et merveilleusement maitrisée – un roman que l'on ne lache pas.

A la table des hommes, Sylvie Germain

Roman

Albin Michel, 2016, 19,80€, 263p.

C'est l'histoire d'un être qui naît deux fois, dans un pays en guerre dans lequel il doit sa survie à la bienveillance de la nature dont il fait partie. L'histoire d'un enfant sauvage adopté par les hommes qui devra apprendre les conduites humaines, les règles sociales, à commencer par le langage qu'il ne maîtrise pas.

 

Sylvie Germain signe un fabuleux roman dans le style réaliste-magique qu'il serait presque vain de résumer tellement l'écriture et le langage en sont le centre. Elle nous embarque dans un conte éblouissant, nous renvoie notre propre image, notre propre histoire à travers celle de son personnage si marginal, dans tout ce que le terme a de noblesse. Un roman qui questionne aussi, de façon plus haletante, personnelle et presque maladroite les attentats contre Charlie Hebdo – A la table des hommes est un de ces textes qui cherchent à comprendre, à mettre des mots sur l'innommable, dans lequel la tentative de dire est aussi nécessaire que ce qui en résulte. Splendide.

Ritzy, Pauline-Gaïa Laburte

Roman

Albin Michel, 2016, 17€, 202p.

L'incroyable récit de la vie de César Ritz, jeune sans-le-sous né dans les montagnes du Vallais suisse, treizième enfant de ses parents, dont l'ambition sans faille le conduit à devenir le plus grand hôtelier de luxe de la fin du XIXe siècle.

 

Un texte d'une énergie folle qui se lit d'une traite, un fabuleux hommage rendu à cet homme dont on ne connaît finalement que le nom, symbole du luxe qu'il a soigneusement poursuivit et mis en œuvre toute sa vie. Pauline-Gaïa Laburte signe un premier roman qui nous emporte dans le sillage de son personnage principal ; magique et envoûtant, au monde sans frontières. Le roman ne tombe jamais dans les travers du genre "récit historique", mais rend merveilleusement le tourbillon du luxe ; on se prend à côtoyer les grands personnages de l'histoire, à rêver à toujours plus grand, mais sans jamais oublier le recul de ce personnage si ambitieux qu'il en est réellement touchant ; en un mot, un texte tout à fait « ritzy ».

D'après une histoire vraie, D. de Vigan

Roman - Prix Renaudot 2015

JC Lattès, 2015, 20€, 479p.

La publication de son dernier roman a non seulement bouleversé des milliers de lecteurs, mais aussi Delphine de Vigan elle-même, qui a dû faire face à la mise à nu de sa propre histoire. Alors qu'elle quitte le Salon du Livre de Paris où elle a dédicacé toute l'après-midi, au bord de la crise de nerfs, elle croise dans une fête improvisée cette belle et fascinante femme, L., qui comprendra rapidement, intuitivement, ce qui trotte dans la tête de la romancière. Débute alors une amitié dont on nous explique tout de suite qu'elle est pervertie, soumise, addictive et dangereuse. Au fur et à mesure des soirées, des verres de vins partagés, des anecdotes échangées, dans une progression constante vers le pire, Delphine de Vigan nous tient dans l'attente insoutenable du moment où tout bascule.

 

En nous racontant son amitié avec L., Delphine de Vigan nous place, lecteurs, tour à tour dans le rôle de témoin, complice et dépositaire de l'histoire de son écriture. D'après une histoire vraie est une formidable réflexion sur la littérature, une mise en abîme du travail d'écriture qui interroge la nécessité du Vrai dans la fiction, un roman que l'on ne lâche pas, qui se lit comme un thriller psychologique, dont on attend avec impatience le dénouement et, surtout, à propos duquel on brûle de demander à son auteure : « Est-ce que cela vous est vraiment arrivé ? »

 

Les Cartographes Livre I, S. E. Grove

Jeunesse

Nathan, 2015, 17,90€, 564p.

En 1799 a eu lieu le Grand Bouleversement ; un chamboulement planétaire qui a plongé chaque continent dans des périodes historiques différentes et a fait de la Terre un monde fantastique. Sophia vit a Boston avec son oncle Schadrack, le plus célèbre cartographe des différents Ages. Alors qu'elle s'initie à cet art, son oncle est enlevé. Il lui laisse un mystérieux message qui va la porter vers les Terres Rases en compagnie de son nouvel ami Théo et des intrépides pirates dont elle va faire la connaissance.

 

Le premier volet de la série qui s'annonce prometteuse. Un roman d'aventures empli de sensibilité, qui questionne en douceur les migrations de populations et leurs apports à la culture de l'autre. Haletant et fantastique.

 

Alcoolique, Ames / Haspiel

BD

Monsieur Toussaint Louverture, 2015, 22€

Jonathan A. se réveille passablement éméché dans une voiture avec une petite vieille qui est prête à le violer, sans aucun souvenir de ce qui précède. Lentement, il commence à nous raconter son histoire ; ses premières beuveries d'adolescent, son meilleur ami, son grand amour, sa carrière d'écrivain et, surtout, ses dépendances à l'alcool et à la drogue. Au mythe de l'écrivain soulârd de la Beat Generation qu'il poursuit avec une sorte de révérence, répond avec fracas le réel de l'addiction et de la déchéance.

 

Jonathan Ames nous raconte une vie finalement pas si différente de celles des autres ; ses déboires, ses peines et ses amours, une vie toujours sur le fil du rasoir. Comme souvent chez Monsieur Toussaint Louverture, un personnage borderline qui nous rend compte de sa chute inexorable, avec beaucoup d'ironie cruelle sur lui-même et sur le monde, mais aussi avec beaucoup de tendresse et d'humanité. C'est dérangeant, c'est frappant et doux à la fois, c'est exaltant et légèrement voyeuriste... C'est vraiment très bon. 

California Dreamin', Pénélope Bagieu

BD

Gallimard, 2015, 24€

Ellen Cohen, jeune fille atypique, ronde, m'en foutiste, pleine de vie et d'énergie rêve de devenir une star. Sa voix est incroyable, et elle en est consciente au point de quitter sa ville natale, Baltimore, pour tenter sa chance à New-York.

 

Entre l'excentricité de Cass Elliot, alias Ellen Cohen, et les influences en tous genres des années 1960, Pénélope Bagieu nous dresse l'histoire de la si célèbre chanson California Dreamin'. Une BD toute en euphorie, sur fond de musique culte qui passe avec bonheur dans le trait de l'illustratrice.

2084 La fin du monde, Boualem Sansal

Roman

Gallimard, 2015, 19,50€, 274p.

Nous sommes en Abistan, pays recouvrant la totalité de la planète, dirigé selon les préceptes du saint Gkabul, dicté par Yoläh à son Délégué Abi. Dans ce monde où la soumission est le principe suprême, où aucune pensée individuelle ou critique n'est tolérée, où la moindre liberté de conscience est punie par d'horribles violences, Ati se prend à rêver de la légendaire frontière de l'Abistan. S'il existe une frontière, il existe un ailleurs, un autre monde, une autre vérité, la liberté.

 

De la plus légère idée d'ailleurs à la recherche éperdue de liberté, 2084 questionne tout à la fois ; la religion et ses radicalismes, la nature humaine, le principe de gouvernement, le langage... Un roman multiple, hétérogène, qui, par une ironie mordante et une légèreté de ton frappe le lecteur, le questionne et le renvoie à sa propre conditition, à celle de son monde et, surtout, à celle de sa liberté présente et à venir. Un très grand texte.

Le dernier voyage, Cohen-Janca/Quarello

Jeunesse

Editions des Elephants, 2015, 18€

Le docteur Korczak veille sur ses orphelins dont il a la responsabilité, leur inculque la justice, l'amour et le respect, jusque dans ce ghetto sombre de Varsovie où ils doivent à présent habiter, avant d'effectuer leur dernier voyage en train en 1942.

« L'histoire vraie de l'homme dont les idées ont largement inspiré la Convention internationale des droits de l'enfant. » (éditeur)

 

Un album qui tient plus du roman graphique, aux illustrations crayonnées qui soulignent parfaitement le fil ténu entre la douceur du texte et l'horreur qu'il raconte – une façon très subtile d'entrer dans l'histoire de la Shoah.

Un amour impossible, Christine Angot

Roman

Flammarion, 2015, 18€, 217p.

Rachel et Pierre vivent un amour passionné – lui si intelligent, si poétique, elle si discrète, si impressionnable. Leur couple ne se laisse pas prendre au jeu des conventions, il se déploie en dehors de tout cadre. D'ailleurs, Pierre en est sûr, il ne veut pas se marier avec Rachel, mais est d'accord pour lui faire un enfant. C'est ainsi que naît Christine, entre une mère-poule et un père absent, qu'elle ne voit quasiment jamais. L'amour entre Rachel et Christine devient plus fort que tout, il est le socle de leur bonheur, ensemble, sans Pierre. Jusqu'au jour où le monde de Rachel s'effondre.

 

Christine Angot interroge avec brio le rapport mère-fille ; ses effusions, ses éternités et ses limites. Un texte d'une douceur extrême malgré un sujet dur et tabou, une écriture merveilleusement maîtrisée qui arpente les souvenirs de l'auteur, qui romance ses oublis et nous livre ainsi une sorte d'(auto)biographie, une mise à nu et un hommage à la fois. Brillant.

 

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